Manu Dibango – Ceddo

Écrit par sur 25 mars 2020

Manu Dibango fait partie de ces artistes dont on pensait l’existence immuable, mais hier ce satané virus nous a méchamment rappelé à l’ordre.

Difficile en ces temps étranges de lui rendre hommage à la hauteur de la grandeur de son talent. Difficile d’avoir les mots justes tellement son oeuvre est luxuriante et importante. Il restera dans tous les cas le conteur éternel d’une histoire de l’Afrique moderne post-coloniale.

On connaît Manu Dibango brillant multi-instrumentiste, chanteur, compositeur, illustrateur sonore pour la télévision même (avec l’album Africadelic). Mais depuis 1972 et le film gabonais “Les tam-tams se sont tus” de Philippe Mory, s’ajoute à la liste déjà bien fournie de ses talents celui de compositeur de musique de film. Il a mis en chanson “Les Keufs” de Josiane Balasko en 1987, “Lumière noire” de Med Hondo en 1994, “Kirikou et les Bêtes Sauvages” de Michel Ocelot en 2005, pour ne citer qu’eux.

Ceddo c’est le film historique du cinéaste sénégalais Ousmane Sembène sorti en 1977. Et c’est donc le nom de l’album, bande originale du film que signe Manu Dibango. Deux oeuvres significatives de la culture africaine moderne, l’une pour ses prises de positions et réflexions nouvelles sur l’histoire de l’Afrique du 17ème siècle, l’autre pour sa couleur particulière, puissant mélange d’influences latines, jazz, funk soul. 

En 2017, Africa Seven ressuscite l’album disparu des bacs à vinyles depuis quelques années. Et aujourd’hui plus que jamais le travail précieux de certains labels, de défrichage, de réédition d’oeuvres d’artistes qui ne peuvent plus s’exprimer ou à la notoriété locale, résonne plus que tout. Valoriser et transmettre l’immense patrimoine que nous lègue Manu Dibango s’offre comme un des meilleurs moyens de faire vivre sa mémoire en nous. 

 

Tracklist

1. Ceddo
2. Les Cavaliers
3. La Reve de Dior
4. La Boisson
5. Morabout
6. Ceddo (Générique de fin)